Laura Woods, enfant de militaire, raconte son expérience
Le Mois des enfants de militaires est une période de l’année qui permet aux gens de montrer leur appréciation des forces armées et de reconnaître que ce ne sont pas que les membres des forces armées qui font des sacrifices pour servir leur pays : leurs enfants en font également.
Nous avons discuté avec Laura Woods, fille de l’adjudante Brenda Morris, pour connaître son expérience d’enfant de militaire et comprendre en quoi elle diffère de celle d’une enfant de parents civils. L’adjudante Brenda Morris sert dans l’Armée canadienne depuis plus de 35 ans. Au cours de sa carrière, elle a participé à trois missions à l’étranger : en Égypte, au Kosovo et en Afghanistan. Laura explique certains des défis uniques auxquels elle a été confrontée dans sa vie d’enfant de militaire.
« J’ai l’impression que beaucoup de gens ne pensent pas à la famille des membres des Forces armées canadiennes (FAC), et encore moins à leurs enfants. Les membres des FAC doivent être fortes et forts, et on les forme pour cela, mais il n’y a pas de formation ou de cours pour les enfants de militaires. Nous ne faisons qu’endurer. Nous apprenons les compétences de la vie courante à une vitesse accélérée par rapport aux autres enfants de notre âge. »
Être éloignée de sa mère pendant de longues périodes, qui se trouvait souvent dans des situations inconnues, a eu des répercussions sur Laura d’une manière que beaucoup d’entre nous ont du mal à comprendre. Mais Laura affirme que ces circonstances l’ont aidée à tisser une relation forte avec sa mère.
« J’ai toujours été proche de ma mère – quand elle était en mission en Afghanistan, nous nous parlions sur Skype lorsque je me préparais pour l’école, lorsqu’elle terminait sa journée de travail ou lorsque j’avais fini mes devoirs le soir. Nous n’avions pas toujours l’occasion de parler, mais quand nous y parvenions, nous faisions en sorte que cela compte et nous exprimions toujours notre amour l’une pour l’autre. »
Laura a mis en place des traditions pour honorer et commémorer le service militaire de sa mère.
« Nous assistons toujours ensemble aux cérémonies du jour du Souvenir », dit-elle. « En 2023, j’ai pu déposer une couronne au nom du CRFM Colombie-Britannique continentale lors de la cérémonie du jour du Souvenir à Victory Square! J’invite toujours ma mère à souper pour son anniversaire en septembre (date à laquelle elle s’est jointe aux FAC). »
Les déménagements ont été une autre constante de son enfance. Née à Edmonton, Laura a également vécu dans l’État de New York. De 9 à 12 ans, elle a fréquenté quatre écoles différentes dans deux pays différents (États-Unis et Canada), avant de passer ses dernières années de secondaire à Edmonton. C’est là où elle a demandé à sa mère si elle pouvait gérer son travail de manière à ce qu’elle (Laura) puisse obtenir son diplôme dans la même ville. Bien qu’il ait été difficile pour Laura d’être constamment la nouvelle élève de l’école, elle a trouvé quelques avantages en cours de route. Laura a noté que le fait de déménager constamment et d’être obligée de se trouver dans de nouvelles situations l’a rendue très attentive à son environnement et lui a permis de vivre de nouvelles expériences.
« J’ai été exposée à davantage de cultures et d’antécédents parce que j’ai vécu dans de nombreux endroits différents, mais aussi parce que j’ai rencontré tellement de soldates et de soldats différents tout au long de la carrière de ma mère. Je trouve magnifique qu’il y ait autant d’horizons, de milieux, d’ethnies […] au sein de nos FAC. Tout le monde a des origines différentes, mais une fois que les gens revêtent leur uniforme, ils ne font plus qu’un! »
Les enfants des militaires des Forces armées canadiennes sont liés par les circonstances. Elles, ils et iels sont confrontés à des situations qui les obligent à s’adapter et à devenir indépendants plus rapidement que la plupart de leurs pairs. Bien que beaucoup soient constamment en déplacement, la communauté est accueillante et solidaire, quel que soit le pays où on les trouve.
« C’est quand nous vivions dans le nord de l’État de New York que je me suis sentie le plus en contact avec d’autres familles de militaires », explique Laura. « Il n’y avait que quelques autres familles de militaires canadiennes, alors le CRFM canadien a fait un excellent travail pour nous mettre en contact les unes avec les autres et nous avons vraiment eu l’impression d’être chez nous, même si nous en étions physiquement loin. Nous avons grandi ensemble comme communauté. Le fait d’avoir des amies et amis qui ont vécu ou vivent actuellement les mêmes choses que vous vous aide vraiment à ne pas vous sentir seule. »
La capacité du CRFM canadien à favoriser un environnement accueillant et positif est importante pour la capacité des enfants de militaires à s’adapter et à faire face à leur situation. Laura a souligné quelques-unes des leçons les plus importantes qu’elle a apprises lors de ses déplacements comme enfant de militaire.
« Je pense que cela m’a appris la résilience, entre autres choses. La résilience nécessaire pour continuer à faire face à toutes les inconnues. Quand on grandit dans un pays où l’on n’a pas de maison familiale parce que l’on déménage souvent, on n’a pas le même genre d’enfance que les autres enfants. J’ai appris à tirer le meilleur parti de l’endroit où nous vivions à l’époque et des amitiés que j’ai nouées partout où nous avons déménagé. J’ai appris que notre chez nous, c’est ce dont on s’entoure, et pas seulement une maison. »
Laura fait partie d’une vaste communauté d’enfants de militaires et a quelques conseils à donner aux personnes qui se trouvent dans la même situation.
« Dès notre plus jeune âge, nous devons faire face au problème des absences professionnelles des membres de notre famille, qu’il s’agisse de formations, de missions, etc. Oui, de nombreux emplois civils impliquent des déplacements professionnels. Mais les déplacements pour le travail n’ont pas le même caractère d’urgence ou de crainte, car nous ne savons pas ce qui va arriver à notre proche pendant son absence. Nous savons qu’elle est confrontée à des expériences parfois inavouables qui la changeront, mais elle sert son pays avec fierté, ce qui nous donne à nous aussi, enfants de militaires, beaucoup de fierté. À mes camarades enfants de militaires, quel que soit leur âge, quel que soit les membres de leur famille qui servent ou ont servi : nous sommes fortes et forts, nous sommes résilientes et résilients et nous ne sommes pas seules ni seuls. Vous ne quittez jamais la communauté – quand vous êtes née ou né dans une famille de militaires, vous faites partie de la famille pour la vie. »
Des récits comme celui de Laura soulignent l’importance du Mois des enfants de militaires et de l’amélioration de notre compréhension collective des expériences des enfants de militaires et des sacrifices qu’elles, ils, iels et leurs familles font.